Vivre à Saint-Jorioz N°45 octobre 1993 |
L'OURS EN HAUTE-SAVOIE
Si nous évoquons ce plantigrade, objet d'une affection particulière des enfants dès leur plus jeune âge, c'est pour rappeler qu'il fut l'hôte de nos forêts au siècle dernier.Leur chasse s'est poursuivie jusqu'en fin de siècle en forêt de Doussard, vallée de St-Ruph, vallon d'Ire ; il apparaît qu'une quinzaine d'ours furent tués depuis 1865, le dernier le 19 décembre 1893 dans la forêt du Charbon par des gardes forestiers, il pesait 153 kg et fut débité à 5 F le kg chez un boucher d'Annecy.
Monsieur le Comte de Chevron Vilette avait tué le précédent dans la forêt de Giez ; il était aussi d'un poids respectable comme on peut en juger sur la photo.
En Maurienne, les ours se perpétuèrent plus longtemps, puisque le dernier, une vieille femelle, fut abattue le 13 août 1921.
Mais une autre forme de prise était pratiquée : par piégeage, ce qui impliquait de la part de l'homme astuce, patience et connaissance des moeurs de ce fauve, doté de force et de malice. Et nous allons révéler des artifices palpables que chacun d'entre nous peut découvrir : i I s'agit de fosses, vraisemblablement construites sur le passage habituel de l'animal, car il semble qu'il cheminait volontiers sur les sentiers empruntés par l'homme
M. Gerfault, ancien garde-chef des Bauges, disait : "La loi du moindre effort régit les animaux, ils suivent les chemins".
Et ces chemins conduisaient souvent dans les vergers, les vignes, les ruchers, les parcs à chèvres et moutons.
M. Jean-Pierre Courtin a dressé un inventaire d'une douzaine de fosses reconnues dans le département. Nous n'en retiendrons qu'une seule, réalisée en grandes dalles taillées, parce qu'elle est typique et facilement accessible depuis Faverges.
C'est la fosse de Montengelier, qui présente une ouverture d'environ 1 m2 ; elle était munie d'un dispositif d'alerte, attesté par l'anneau de fer scellé à un mètre du fond, par la transmission d'une corde à une sonnaille ,l'alarme parvenait à la ferme de Montengelier.
Cette fosse de profondeur de 4 mètres environ, présente le plus bel exemple de piégeage (voir photo), et notre imagination recouvre l'ouverture de branchages supportant un appât, les poires ou le miel étant les plus appréciés.
Nous remercions Madame la Comtesse de Chevron-\/ilette, Messieurs Jean-Pierre Courtin (DDAF) et Jean Sallaz (GardeChasse National) de qui nous sommes redevables des éléments de cet exposé.
G. MELERE
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